Une « couverture » dans J.A., donc, à la mesure de ce que représente, pour le continent, ce « cœur d’Afrique » qui fut longtemps le concentré de tous ses maux. Mais aussi, ce qui est la règle, une couverture équilibrée. À Kinshasa, où l’on n’aime rien tant que de voir des complots derrière les coïncidences et des coups de billard à trois bandes en filigrane du moindre article de presse, cet équilibre a surpris. L’entretien avec Kabila ? Un coup de pouce - et de pub - pour le pouvoir en place. Le « Pleins Feux » sur Kamerhe ? Une sombre manœuvre destinée à piéger ou à promouvoir (les versions diffèrent) l’intéressé. L’interview de Bemba ? J.A., c’est bien connu, ne met jamais tous ses œufs dans le même panier. Le profil de William Swing, le patron des Casques bleus en RD Congo ? On vous avait bien dit que la Monuc avait un budget de communication, etc.
Rares, trop rares encore sont ceux qui ont vu ce qu’il y avait à voir là-dedans. Rien d’autre, en l’occurrence, que le souci d’informer et la liberté d’écrire de la part d’un hebdo qui, pour reprendre la célèbre expression d’Hervé Bourges, ne se veut « ni griot servile ni détracteur stérile ». Le seul parti pris que nous nous reconnaissons en réalité - surtout lorsqu’il s’agit de traiter d’un pays à la fois aussi sinistré, aussi fragile et aussi prometteur que la RD Congo - est celui qu’impose la responsabilité particulière qui incombe à un journal né avec les indépendances : ne jamais faire obstacle au progrès et ne jamais tolérer les régressions. En l’occurrence, à condition de refuser l’arrêt sur image, souvent inquiétant, et de lui préférer le film de ces cinq dernières années, être « congoptimiste » ne relève pas uniquement de l’acte de foi. Lentement, douloureusement, le géant blessé poursuit sa rééducation. Gare à la rechute, certes, mais bravo pour les médecins…
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